Jérôme Guedj déclare, dans un entretien à France Info de ce jour (c'est la Taulière qui souligne) :

"Il va falloir passer par une figure extrêmement importante qui est celle du médecin traitant. Le médecin traitant connaît les personnes âgées, il connaît leur pathologie, il connaît leur histoire et puis il a une forme de confiance, évidemment, avec ces personnes âgées et comme l'ensemble des gériatres et l'ensemble des médecins, je pense qu'il faut qu'il y ait ce dialogue pour pouvoir recommander, quand c'est nécessaire, à la personne âgée de rester chez elle. Et moi, je crois au principe de responsabilité individuelle. Je crois à ce choix éclairé." - sic pour la syntaxe.

Alors lui, c'est sûr, il fait partie des éclairés par un toubib à la mesure de son statut social, du genre qui prend l'apéro chez lui de temps à autre, répond nuit et jour au téléphone pour lui et ses proches et dirige ses amis-patients vers les prestigieuses cliniques où l'on ne meurt jamais.

Quand on sort de l'ENA et qu'on atterrit à l'Inspection Générale des Affaires Sociales, on n'est pas sans réseau. Si d'autre part, comme le sieur Guedj, on est à la fois conseiller départemental dans un canton et qu'on y installe de surcroît un cabinet-conseil aux collectivités locales, administrations publiques et aussi entreprises, on est suffisamment proche du conflit d'intérêt pour fermer sa gueule, surtout si l'on a le groupe Korian dans sa clientèle (Korian, plus de 300 EHPAD privés en France).

Quant au docteur P., médecin "traitant" de la Taulière, débutant qui a ouvert son cabinet voici deux ans :

1) il n'a pris de nouveaux patients que parce qu'il venait de s'installer. Saint-Etienne, ville de 172 000 habitants, est un désert médical qu'explique très bien la réputation exécrable de la ville, qui résiste à toute tentative de dézinguer les clichés à son encontre.

2) A chaque consultation, le Dr P. vous salue comme s'il vous rencontrait pour la première fois, submergé qu'il a été rapidement par les impétrant.e.s à la qualité de nouveaux patients. Lorsqu'il vous introduit dans son cabinet, les questions qu'il pose prouvent amplement qu'il cherche à situer la personne en face de lui, un peu comme quand, abordée dans la rue par quelqu'un.e que vous ne remettez pas, vous lui demandez si la famille va bien en espérant un détail qui vous mettra sur la voie.

3) Le Dr P. ne répond pas au téléphone. Jamais. Son cabinet est installé comme ça. Un répondeur vous indique de manière laconique le site sur lequel vous pouvez prendre rendez-vous, et vous enjoint autrement de "faire le 15". Sur les sites de prise de rendez-vous, le délai est ordinairement de 3 jours (ouvrables). Si vous tombez malade le jeudi, vous pouvez espérer un rendez-vous le mardi suivant en cas de miracle, mais plus sûrement pour le mercredi après-midi, ce qui vous laisse tout de même une semaine pour opérer une guérison spontanée.

4) Le Dr P., qui donne son adresse e-mail, ne répond pas aux mails.

5) Le Dr P. appuie sur un bouton pour faire sortir de l'imprimante une ordonnance avant même d'avoir fini la consultation. Il ne tape rien sur son clavier, si ce n'est un code à 2 chiffres. Il s'agit donc d'ordonnances qu'il a pré-enregistrées, comprenant des traitements-types pour l'affection dont vous venez de l'entretenir. Le Dr P. aime les prescriptions chargées. Le Dr P., à qui l'on serine qu'on ne peut pas prendre de doliprane, fait figurer le doliprane sur chacune de ses ordonnances.

6) Le Dr P. consulte du lundi au vendredi de 9 h 20 à 11 h 40 et de 14 h 20 à 17 h 40. En dehors de ces horaires, "faire le 15".

7) Le Dr P. prend une semaine sur deux de chaque vacances scolaires et un mois en été, et ne prévoit pas de remplacement.

8) Enfin, est-il nécessaire de préciser que le Dr P. ne se déplace pas à domicile ?

En quoi donc la Taulière devrait-elle se sentir "éclairée" par un tel individu, aussi dépourvu d'empathie et même d'intérêt pour ses patient.e.s ? De quoi se souviendrait-il, qui serait de nature à lui permettre un conseil valable pour une "senior" qui dieu merci sait se gouverner depuis son plus jeune âge - pas toujours avec succès, je vous l'accorde, mais les années passant, non dépourvue d'une somme d'expérience de nature à lui permettre de faire le bon choix - ou le mauvais, mais en toute connaissance de cause.

A quoi donc peuvent servir le Dr P. et ses homologues de la nouvelle génération d'automates médicaux (et quid de leur formation) ?

Quant à M. Guedj, politique hors-sol comme tous ses confrères en nullité, et qui s'imagine que chaque vieille/vieux a son "gériatre" comme chez Korian, qu'il aille se faire foutre. Si je veux décider de sortir - ou pas - de chez moi, je m'éclairerai moi-même personnellement ou je demanderai conseil aux proches.