Dernière minute :


Un mail reçu de Daniel Cueff, vous vous rappelez ?, le maire breton qui avait en son temps pris un arrêté courageux, résumé en deux lignes :

« Le 18 mai dernier, le maire de Langouët prit un arrêté interdisant l'utilisation de produits phytopharmaceutiques autour des bâtiments et habitations de sa commune. Ce 11 juin, la préfecture d'Ille-et-Vilaine annule cette décision municipale par "recours gracieux. » - France 3 Bretagne, 11/6/2019.

Au-delà du fait qu'il faut évidemment signer la pétition ici, ce message vient me rappeler utilement qu'il ne s'agit pas seulement de dénoncer les salopards, mais aussi de promouvoir les justes. Alors signez, signez, et boycottez après si vous voulez, dans les termes suggérés ici en bas du billet. Et achetez chez les bons ! A mon avis, faut les trois ! Daniel Cueff a raison : ce n'est pas seulement aux Bretons à signer, la responsabilité est nôtre, elle est collective. Au niveau du pays ? Non : de la planète.

Et donc, billet du 10 juillet :

L'article de Reporterre lu ce jour en ligne se passe de commentaires, tant il est accablant. Résumé :

« Quinze journalistes viennent de créer le collectif Kelaouiñ — Kelaouiñ signifie « informer » en breton — qui lutte pour la liberté d’informer sur l’industrie agroalimentaire en Bretagne. Menaces, pressions, poursuites judiciaires, auto-censure... Ils dénoncent l’omerta qui règne autour du secteur agro-industriel et la difficulté d’exercer leur métier. »

Dans cette région très tributaire de l'agro-industrie et de la grande distribution en termes d'emploi, le chantage est facile, les gros industriels de ces secteurs ne s'en privent pas - les groupes étrangers, en particulier chinois, qui détiennent des empires de la malbouffe bretonne, leur emboîtent le pas.

On souhaite longue vie et bon courage aux professionnels de la presse régionale, et l'on découvre avec intérêt, dans l'article, quelque chose qu'on devrait savoir tout de même et qui sévit dans nombre de campagnes françaises : la FNSEA (surprise !!!) incite les agriculteurs à occuper le terrain politique en se présentant massivement aux élections locales.

« Ainsi, en janvier, au micro de France Bleu, le président de la FDSEA du Morbihan appelait les agriculteurs à se présenter aux municipales : "Si on ne prend pas la place, ce sont ceux qui nous tapent dessus, qui vont la prendre". ». Y a pas plus clair.

On souhaite aux Bretons de se réveiller, de se rendre indépendants de l'agro-industrie et de la grande distribution associées, parce que la vérité est là : ces deux empoisonneurs adeptes du profit à tous crins ne devraient plus avoir la mainmise sur l'emploi local, voire sur les ressources de cette région.

Pour les y aider, il suffirait de pas grand chose : que les consommateurs - en particulier la région parisienne, largement irriguée par les productions de l'Ouest - décident un boycott tout aussi massif, général, des productions agro-industrielles bretonnes. C'est pas trop dur, on peut tracer les provenances. Et de soutenir très activement les producteurs respectueux de l'environnement, les syndicats paysans respectueux des autres citoyens, les journaux - Reporterre compris - qui dénoncent cet abus.

Oui, je sais, ça fait pas mal de produits : vous allez devoir vous passer de poisson râclé dans les fonds au milieu du plastoc, de quatre-quarts industriel, de choux-fleurs et d'artichauts de l'Ouest poussés au glyphosate, de charcutaille d'élevage intensif élaborée en usine, etc.

Il en restera toujours bien assez à transiter par l'enfer de la route pour atteindre les supermarchés de la super-malbouffe à pas cher, que fréquentent les gens qui n'ont pas le choix. Eux, le boycott, ils ne peuvent pas se le permettre. Faites-le pour eux ! Et puis, ça vous évitera de manger des fakes (des fruits et légumes estampillés français et provenant... d'ailleurs, sans traçabilité bien entendu).

Pour vous encourager, vous pouvez lire ici l'ahurissante histoire du groupe Chéritel, publiée par Bastamag en mars 2019 et reprise en novembre de la même année par des journaux d'ultra-gauche, voire anars, tels que Ouest-France, actu.fr, Le Figaro. Chez Chéritel, d'après l'article de Bastamag, ils cochent toutes les cases : fraudes, pratiques mafieuses envers les salariés (i.e. intimidations, menaces, maltraitance, négation de la loi...).

Dans cette région qui n'est peut-être pas si importante en volume : 27 000 km2 (onzième région sur 13 pour la superficie), dixième sur 13 pour la taille de sa population (3,300 millions d'habitants) mais dont la transition accélérée vers une agro-écologie serait hautement symbolique, il doit exister plus d'une entreprise du même tonneau, même s'il est certain que la Bretagne ne détient pas le monopole de ces pratiques malhonnêtes et brutales.

Alors : boycott généralisé à tout le territoire national :-) ? Mééé... On va bouffer quouââ ?? Ben, faut slalomer entre les gouttes, raisonner nos achats, les penser (ou ne pas acheter, d'ailleurs, c'est bien aussi), et c'est presque un boulot à plein temps, pas seulement pour se nourrir, mais pour tout...

Bonne nouvelle ? Le marché bio progresse à pas de géant, voire explose.

Jusqu'au jour, pas si lointain, voire déjà arrivé, où les mêmes pratiques seront épinglées dans ce secteur soi-disant vertueux, qui commercialise des "ananas bio" qui ont pris l'avion et roulé en camion sur des milliers de kilomètres, des "tomates bio" élevées en hydroponique, du "porc bio" dont les naisseurs (1) utilisent des techniques déjà dénoncées ici... Concluons : en termes de "consommation", la plus extrême vigilance s'impose.

Pessimiste, la Taulière ? Non, réaliste : c'est la doxa de la CROISSANCE A TOUT PRIX, qui entraîne immanquablement cette pente. Le remède ? Pas de baratin : tout le monde le connaît.

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(1) Dans les métiers de l'élevage, le naisseur (ou naisseur-engraisseur) est celui qui fait naître les animaux fournis ensuite aux éleveurs.

La Taulière avait relayé un article du Canard qui dévoilait une pratique criminelle des naisseurs : la "planification" des chaleurs pour les cochettes, afin de contrôler et d'optimiser le rythme des naissances. Pour cela, les jeunes coches reçoivent des injections d'hormones équines. Celles-ci sont prélevées sur des juments par prises de sang à répétition jusqu'à ce que mort s'ensuive. D'autres organes de presse s'en sont fait l'écho. Ames sensibles, s'abstenir de lire l'article.

Ces pauvres juments rejoignent ainsi la triste cohorte des animaux utilisés dans des conditions concentrationnaires, comme les ours dont on prélève la bile in vivo, avec un cathéter placé à demeure. Il suffit d'ouvrir le robinet...

... Pour en revenir à ces jeunes truies qui, grâce au traficotage de leur cycle à coup d'hormones équines, mettent bas par paquet de 20 et en rythme, elles fournissent des porcelets ensuite étiquetés "bio" sans aucun souci, du moment que le cahier des charges de l'éleveur est respecté... Celui-ci étant un vaste foutage de gueule, on voit venir la suite.