(sur l'air de "Allumer le feu")...''

La Taulière est sans voix (ça vous fera des vacances !) en lisant ceci sur 42info.fr, le niveau -270° de l'info locale... Comme une espèce de canular sinistre...

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Note explicative sur "Centre 2"

Centre 2 est un petit centre commercial de Saint-Etienne qui a - dans l'usage local - donné son nom au quartier environnant, ce qui est bien dommage. Car ce quartier s'appelle, en fait, Bizillon, ce qui est autrement joli et riche d'une histoire qui peut expliquer son look actuel, puisque Bizillon, en 1858, vit s'ériger au milieu d'usines une prison "qui accueillit jusqu’à 600 détenus dont les plus célèbres furent Ravachol et la bande à Bonnot". (source Wiki)

C'est donc sur cette emprise que, non sans humour, eu égard à la façon dont Jules Bonnot concevait le commerce, fut construit Centre 2, un endroit moche pour lequel l'adjectif anglais corny semble avoir été créé, et qui renferme, dans 3 niveaux d'allées tristes, le pire du pire de la conso très bas de gamme.

L'architecture, vue de l'extérieur, signe - si toutefois on peut parler de signature, car il est probable que les architectes qui ont commis ce truc non seulement n'ont pas laissé leur nom, mais se terrent actuellement sous une fausse identité quelque part au tréfonds d'un bled non desservi - tous les abus éhontés de la fin des années 70. C'est une grosse verrue posée sur le quartier. Une verrue dégradée, mais apparemment décidée à se maintenir là contre vents et marées.

Le nec plus ultra de la gastronomie s'y présente sous la forme d'une cantoche gérée par un franchisé de Casino, qui sert sur des plateaux grignotés par l'usure du haricot vert en boîte baignant dans l'huile autour de steacks hâchés raccornis fabriqués en Pologne et de la mousse au chocolat en cubitainers, le tout dans un parfum tenace de plonge mal entretenue.

A Centre 2, les commerces ne font pas de vieux os, le turn-over des enseignes est impressionnant. L'activité permanente est représentée par Auchan qui tient le fond de la galerie (prenez "fond" au propre et au figuré).

Et bien entendu, c'est, comme partout, le rendez-vous des ados (du moins ceux qui n'ont accès à rien d'autre) pendant leurs longues heures de loisirs, car figurez-vous qu'au rez-de-chaussée y a quoi ?? Un "venez-comme-vous-êtes". Et ils y viennent.

J'allais oublier de préciser que "Centre 2", comme son nom l'indique, se situe dans le centre élargi de St-Etienne, entre le campus Tréfilerie (Université Jean Monnet), un campus qui a bien les deux pieds en ville, contrairement à pas mal de facs excentrées des centres urbains, et la place Bellevue, pôle de vie fonctionnel avec sa gare routière, ses trams, ses nombreux commerces, ses marchés animés, le tout sous l'ombre tutélaire (j'ai sorti mon sac à poncifs) du Guizay qui culmine à 1000 m tout juste.

Centre 2 bénéficie d'un arrêt de tram rien que pour lui, et voyez comme les aménageurs sont intelligents : pour contenir et canaliser l'affluence de population qui s'y trouve toute la journée, comme des colonnes de fourmis cherchant le sirop renversé, en direction ou en provenance de la galerie marchande, l'arrêt de tram, de chaque côté, n'offre qu'un mince trottoir dûment barriéré d'à peine 1,20 m qui rend les croisements difficiles et maintient à cet endroit le niveau de la hargne perceptible, chacun.e se hâtant vers son tram à contre-flot des candidat.e.s au largage de fric dans la gueule du monstre.

Un spot véritablement délicieux.

Quoi ? Quoi ? Vous n'avez jamais lu ici un billet vachard sur Saint-Etienne ? Normal, parce que ça, ce n'est pas un billet sur Saint-Etienne. Ca traite du GROS commerce de GROSSE MERDE, et ça, c'est universel.

CENTRE 2.png, juil. 2020

(et encore, là je vous montre le plus beau, parce que sur les trois autres côtés de ce cube de 35 000 m2, ce ne sont que rocades, rampe d'accès, entrées béantes de parkings, le tout dans cette tonalité noirâtre que seule la fréquentation assidue par des milliers de véhicules au diesel sait donner au béton premier prix.)