Dupont-Moretti souhaite que « les hommes suspectés de violences conjugales, s’ils ne sont pas déférés, soient convoqués par le procureur et reçoivent un avertissement judiciaire solennel » (dans un entretien avec le Journal du Dimanche - article non accessible hors abonnement, citation du monde.fr avec peu de contexte - peut-être s'est-il mieux expliqué ensuite ?).

Ouh là là, si j'étais un mec violent, j'aurais vraiment peur-peur-peur de cet avertissement solennel. Et je rentrerais chez moi plus que jamais décidé à punir la cause de cet avertissement, au mépris de toutes les vraies mesures qui ne seraient d'ailleurs pas prononcées, puisque cette convocation ne permet pas la prononciation de peines, mais seulement l'avertissement avant poursuites. Je me suis rendue voici quelques années - en tant que représentant une victime - à une telle convocation. Je peux vous dire que la personne convoquée était vraiment morte de peur, ha ha.

Avec les nominations de Darmanin et de Dupont-Moretti, on a bien senti, chez Castex, super-mâle blanc (enfin, faut aimer le genre aficionado), une intense préoccupation non seulement du sort fait aux femmes depuis que la civilisation existe (c'est dire), mais encore un souci du symbole asséné comme une "grande claque" (dixit la sénatrice Laurence Rossignol) à ces dernières.

A propos de Darmanin, on appréciera particulièrement le secours sans faille que lui prodiguent ses potes du gouvernement et quelques 200 "élus du Nord" (Franceinfo.fr) emmenés par Daubresse, sénateur LR du Nord justement :

« qui vous dit que cette personne n'est pas une affabulatrice ? La justice éclairera ce problème », déclare Daubresse sans rougir à Franceinfo.

En casant Darmanin bien à l'abri derrière la "présomption d'innocence", ces connards qui le soutiennent font semblant de ne pas comprendre :

- que la levée de boucliers contre sa nomination n'est pas un tribunal populaire mais l'expression d'un écoeurement devant le symbole ainsi envoyé à nous, femmes ;

- qu'invoquer "l'affabulation" de la victime les range d'office en soutien derrière tous les violeurs niant leur culpabilité, derrière tous les politiques pris la main dans le slip, etc. ;

Alors que nous savons tou.te.s maintenant - preuves à l'appui - que Darmanin a, d'une façon ou d'une autre ("soft" ou pas, rien n'est "soft" en la matière), convaincu une nana d'avoir des relations sexuelles avec lui en échange d'un courrier d'intervention dans le dossier de celle-ci. L'échange de messages entre elle et lui ne laissent vraiment aucune place au doute : elle affirme qu'il a échangé son influence contre une séance de radada, il répond en reconnaissant qu'elle a raison et en se qualifiant lui-même de "sale con". Peut-être que Daubresse ne sait pas lire et qu'il a réussi à le cacher jusqu'à maintenant ?

Alors que maintenant que Darmanin, par le truchement de ses avocats et de ses soutiens politiques éhontés, essaie de se sortir de la mouise en invoquant le fait qu'il n'avait, à l'époque, qu'un pouvoir très limité et ne pourrait pas faire grand-chose dans le dossier de la femme en question, ce qui selon lui devrait le dédouaner de l'accusation d'abus de pouvoir. Or, ceci est plutôt aggravant, de mon point de vue, car ça veut dire qu'il l'a convaincue de coucher en sachant pertinemment qu'il lui vendait de l'illusion. Le message par lequel il lui fait passer un double de son courrier, en insistant sur les destinataires qu'il met en évidence, veut d'ailleurs bien signifier qu'il a rempli sa part du contrat. So what ?

Rachida Dati, pourtant LR elle aussi - mais femme, et qui fait ici passer sa solidarité avant son parti - signe à propos de cette affaire dégueulasse une tribune le 15 juillet dans Le Monde.

Caroline De Haas se démène aussi pour la victime des agissements lâches de Darmanin - comme pour d'autres. Ca va sûrement lui valoir un tas de messages affectueux sur les réseaux dits "sociaux". Elle a beau être costaude et avoir l'habitude, on a de la peine pour elle.