Une installation sur le langage
« L’idée du GECRIDAC a germé en l’an 2000. J’habitais Paris et je fréquentais le Théâtre de la Ville, où j’allais voir des spectacles de danse. Comme beaucoup de salles de spectacle, le Théâtre de la Ville édite un livret qui est remis aux spectateurs. Or certains des rédacteurs recouraient (et recourent toujours) à des tournures de phrases particulièrement alambiquées, ou a des métaphores douteuses, appliquant à la danse des termes qu’on a plutôt l’habitude de rencontrer dans des précis de thermodynamique ou des livres de pâtisserie. Cela me faisait immanquablement penser aux discours du maire de Champignac, dans la BD de Franquin, Spirou et Fantasio. Je suis très intéressé par les travaux de l’OuLiPo, et pour ceux qui connaissent les Cent mille milliards de poèmes, de Raymond Queneau, mon générateur est construit sur le même principe. »
Martin Granger
Une machine ingénieuse
Le GECRIDAC est une invention astucieuse mais le propos en est pourtant très simple. Il consiste à tourner en dérision des discours enflés d’eux-mêmes, en les singeant - à peine. A partir de syntagmes piochés dans des livrets de spectacles de danse puis enregistrés et recrachés semi-aléatoirement, la machine recrée des discours particulièrement ironiques. Il y a plusieurs centaines de sons enregistrés et le GECRIDAC navigue de l’un à l’autre, ce qui démultiplie les possibilités de discours. Le procédé est adaptable à n’importe quel corps de métier, car en creusant un peu, on s’aperçoit que chaque corporation dispose de son jargon, sinon de sa langue de bois.
Une performance décalée...
Martin Granger peut présenter la machine en effectuant des contorsions vêtu d’un slip de bain et de collants bleus. Il ne faut pas y voir autre chose qu’une performance sérieusement amusante… , et surtout pas un spectacle de danse ! C’est uniquement une manière d’illustrer la machine en accentuant la proposition de dérision d’un milieu qui ne se parle qu’à lui-même. Attention, cela ne veut pas dire qu’il s’agisse de se moquer de la danse et des danseurs, mais plutôt d’une dynamique totalement auto-centrée que l’on retrouve dans de nombreux secteurs artistiques, et surtout dans le milieu culturel !
Équipe artistique
Conception, réalisation & jeu : Martin Granger
Aide à la conception et à la programmation : Antoine Rousseau